J'AI INTERVIEWE POUR VOUS ... FANYDA
par Carole Licatese
Depuis combien d’années pratiques-tu la danse orientale ?
J'ai commencé à apprendre la danse orientale en 1984 avec Fatima Chekkor à la Maison Populaire de Montreuil (93) ... Nous sommes en 2013, donc, ça fait ... hou la la ... un certain nombre d'années que je suis dans le milieu de la danse .....
Comment as-tu connu la DO ?
Je l'ai connu au travers d'un mini reportage télé aux informations .... et là, LA REVELATION ... moi qui n'aime pas le sport mais qui voulait être active physiquement ... La danse orientale me proposait la formule idéale en y mélant le côté artistique, rigoureux, féminin, sensuel et sportif.
Au bout de combien d’années d’expérience as-tu commencé à enseigner ?
J'ai mis beaucoup de temps, on ne s'improvise pas professeur de danse orientale du jour au lendemain, en quelques mois seulement et même pas en deux ou trois ans. Il est absolument nécessaire d'avoir une certaine, belle et sérieuse expérience en se formant soi-même de façon intensive et ce, auprès de différents professeurs qu'ils soient très bons, bons ou moins bons. De cette façon, on apprends à savoir ce qu'on peut transmettre ou non, ce qu'il faut faire ou pas ... car comme notre discipline n'est pas reconnue et ne possède pas de diplôme, son enseignement y est complètement anarchique. Etre professeur, c'est être en mesure de partager son savoir mais un savoir maîtrisé, être pédagogue et savoir transmettre en restant humble, accessible et humaine. Donc, pour répondre à la question, il m'a fallu 15 ans avant d'enseigner .... Entre temps, je me suis énormément formée, j'ai travaillé ma danse comme une folle acharnée, j'ai fait de la scène .... beaucoup de scène dont, entre autres, les spectacles que j'ai moi-même créés et mis en scène, j'ai créé ma propre compagnie, la compagnie Shehrazad.
Y-a-t-il eu un déclic particulier qui t’a poussé à faire de la danse orientale ton métier ?
J'ai commencé la danse orientale à raison de quelques heures par semaine comme n'importe qui irait faire son heure de gym. J'ai donc commencé mes cours avec Fatima Chekkor. C'est elle qui m'a fait aimé la danse, donné l'envie de continuer, de travailler et déjà, elle me mettait en avant scène sur les spectacles de fin d'année. Ensuite, le fait d'avoir intégré les cours de Zaza Hassan a certainement été l'un des premiers déclics car, après 15 jours de cours, il m'a proposé de faire partie de sa compagnie. Puis, j'ai ensuite intégré les cours de Mayodi et là, se produit exactement le même scénario. Donc, mes rencontres et l'enthousiasme de ces deux professeurs ont fait que j'ai changé de voie, changer de métier pour ne plus me consacrer qu'à la danse orientale. Tout en continuant à me former, à prendre des cours, j'ai fait de la scène, suit partie en Egypte pour danser, fait un nombre incalculable de galas ...
Y-a-t-il une danseuse que tu admires particulièrement ?
Et bien, je suis désolée mais non ... Il y a des danseuses dont j'aime beaucoup la beauté, le charisme, la technique ou la sensualité surtout chez les danseuses de l'âge d'or de la danse orientale. Je vais me faire des ennemies mais, aujourd'hui, il y a, bien entendu, de belles et bonnes danseuses mais je ne ressens pas d'émotion. Je trouve qu'il y a beaucoup de copié/collé ....
Ton entourage t’a-t-il soutenu dans ton choix de carrière ?
Mon mari et mes enfants ont été à mes côtés sans jamais fléchir. Le restant de ma famille n'a jamais compris mon choix et ne m'a jamais vue sur scène (à l'exception de deux ou trois personnes près). J'ai donc préféré aller seule ... avec mon mari et mes enfants. Ils ont fait partie de toutes mes virées. Mon mari a été, tour à tour, régisseur son et/ou lumière, coordinateur, photographe, caméraman .... Bref, un ange .... et il m'a surtout protégée du côté noir de la danse orientale. C'est lui qui a tout pris ....
Aujourd’hui à quelle fréquence t’entraines-tu (durée, fois par semaine, seule, prends-tu des cours) ?
J'ai pris deux années sabbatiques car j'ai énormément donné à la danse orientale et même si elle est ma vie, ma passion, ma priorité reste ma famille. Je vais bientôt reprendre mes stages .... partout en France. Je donne aussi des formations professionnelles pour donner toutes les cartes en main aux futures enseignantes ou danseuses et je leur fais partager mon expérience. Je coache et aide à certaines mises en scène. Avant mon arrêt momentanné, je faisais jusqu'à 20/25h00 de danse par semaine : cours, stages, répétitions, spectacles .... Etant chorégraphe de mes spectacles, je ne compte pas les heures de travail. Une chorégraphie ne se fait pas en dix minutes.
Juste pour en revenir à la formation professionnelle, je précise que seul un certificat de présence et de formation avec moi est délivré. Je saute au plafond lorsque je vois des dîplomes en danse orientale remis à des élèves qui ont suivi quelques heures sur quelques jours de cours ! Ce sont des faux mais je reconnais que ces certificats sont remis avec une certaine ambiguité dans leur écriture.
Quelle a été ta plus belle rencontre artistique ?
Je dirai Mayodi ... car il m'a permis de m'ouvrir et de me découvrir.
As-tu des regrets quant à ton parcours ?
Je n'ai pas de regrets .... je referai tout pareil .... des spectacles hors normes (je pense à celui avec mes dromadaires qui ont traversé le public pour venir s'installer sur scène). J'ai organisé des voyages en Egypte, j'ai fait des galas eceptionnels, fréquenté le showbiz (heu, ce n'est pas ma tasse de thé), j'ai approché le cinéma, j'ai rencontré des personnes extraordinaires et des personnes médiocres mais celles-ci ont participé à mon équilibre.
Peut-être, le seul regret est de n'avoir pas accepté ce contrat de trois au Caire pour danser dans les plus grands palaces et encore ..... mes enfants d'abord !
As-tu un conseil à donner aux personnes qui souhaiteraient se lancer professionnellement dans la DO ?
Pleins de conseils à donner, le premier étant de rester soi-même et ne pas vouloir avancer coûte que coûte, à n'importe quel prix, de n'importe quelle façon .... toujours dans le respect de l'autre et dans le respect de la danse. Rester humble et garder les yeux ouverts sur son niveau. Travailler, travailler et travailler encore, ne jamais croire que tout est acquis, savoir se remettre en question chaque jour .... et ne jamais croire que nous sommes indispensables. Se former toujours et encore ....
Quels sont tes projets en cours ou à venir ?
Un énorme festival à Grenoble .... un festival national et non international. C'est important car je suis très très lasse de voir toujours les mêmes "têtes" d'affiches sur tous les spectacles et festivals. Nous avons de réels talents en France, des artistes en herbe et des artistes confirmés et ce sont eux que je mettrais en valeur sur mon festival : la programmation est en cours mais elle s'annonce comme un truc de fou !!!!!
BONNE LECTURE !
Si tu n'avais pas été danseuse, quelle autre danse aurais-tu aimé pratiquer ?
C'est très difficile à imaginer car aujourd' hui, je n'ai qu'elle dans ma vie. Le street-dance m'a tout de même toujours beaucoup attiré. Depuis mon plus jeune âge, j'adore les comédies musicales.
Tu as un parcours exceptionnel : que t'ont apporté tes 10 années de carrière ?
Que la vie n'est pas simple et les embuches sur le parcours sont nombreuses. J'ai dû apprendre à me battre, à me protéger. Ces années m'ont aussi beaucoup forgées mentalement. Les difficultés rencontrées m'ont aussi permises de faire des rencontres humaines fantastiques. Depuis 10 ans, je vis une véritable aventure humaine qui est très enrichissante sur le plan personnel. Je rencontre des personnes passionnantes avec lesquels je fais des bouts de chemin.
Que préfères-tu dans notre milieu ?
J'aime les artistes sincères dont la sensibilité est intègre. J'aime voir de nouvelles compagnies voir le jour car elles sont la relève de demain. Ce que je préfère ? Admirer cette petite lueur magique dans les yeux de la danseuse lorsqu' elle offre sa danse au public et, en retour, voir cette meme petite lueur dans les yeux du spectateur. J'aime à le surprendre rêver, voyager et même pleurer. Lorsque je danse "Lessa Faker", par exemple, j'ai vu des personnes dont les yeux étaient emplis d'émotion, de larmes ...
Si tu avais une baguette magique, que changerais-tu dans notre milieu ?
J' aimerais que tous les professionnels s'entraident et créaient ensemble. Des spectacles fabuleux et très riches pourraient voir le jour si chacun laissait son égo de coté. Je souhaite depuis très longtemps, et c'est pour cette raison que je mets la Danse Orientale en scène, changer l'image que notre danse véhicule tant aux yeux des occidentaux que des orientaux. Maintenant, je souhaite également vivement que la mentalité au sein du milieu professionnel en fasse autant.
Qu'aimes-tu dans la culture orientale ?
J'adore la musique orientale. Elle est envoutante et je ne peux rester de marbre si j'entends une mesure. A tel point, que même sur des musiques autres, je ne peux m' empêcher de danser façon orientale. Je vénère l'Egypte, berceau de la Danse Oriental. J'y suis allée plusieurs fois et c'est toujours avec le coeur serré que je rentre en France. J'aime la façcon dont vivent les égyptiens malgrès la misère. C'est un peuple enthousiaste qui sait garder le sourire, c'est un peuple hospitalier et extrèmement riche d' histoire. Leur passé me fascine.
Je ne t'ai jamais vu danser de danses traditionnelles (égyptiennes ou autres orientales). Pourquoi ?
J ai déja dansé des danses "Saidi" sur scène et les danseuses de ma Compagnie ont une chorégraphie avec des tambourins dans le plus pur style folklorique. Mais il est vrai que ma préférence artistique va à la danse orientale égyptienne. Je n' ai pas d' affinités avec les autres danses, style kabyle, berbère, tunisienne ... même si j'aime à les regarder.
Te reste-t-il des rêves ? D'autres projets à accomplir ?
Mon rêve serait d'organiser un festival avec des intervenants professionnels aux grandes qualités humaines et artistiques. Un festival qui deviendrait une référence.
Quels sont tes chanteurs/chanteuses préféré(e)s ?
J'adore Oum Kalthoum, Farid Al Atrache, Fairouz.
Dans un style plus récent, Georges Wassouf, Ragheb Alama, Hakim (plus festif), Omar Diab ...
Y-a-t-il d' autres arts qui inspirent tes créations (peinture, roman, film ... ) ?
Pas vraiment. Mon inspiration vient des personnes que je rencontre, de mon vécu au quotidien et, surtout, elle vient des musiques pour lesquelles j'ai de grands coups de coeur. C'est sur un coup de foudre pour telle ou telle musique que je créée un spectacle.
Que penses-tu de la danse orientale mélangée à d'autres danses ?
Je suis pour une grande ouverture d'esprit. Même si je défends les musiques anciennes dont je ne peux me passer d'entendre et me lasser de voir danser, j'aime aussi beaucoup les mélanges. Il faut savoir évoluer et être à l'écoute des nouvelles tendances. Je suis vraiment plutôt pour à condition, tout de même que le coté oriental prime.
Parmi les danseuses égyptiennes des années 40 aux années 80, la ou lesquelles t-ont le plus plu ?
J'adore Naima Akef qui était resplendissante de féminité, de grâce ... Je possède une collection rarissime de vidéos de danseuses connues et inconnues des années passées. Il y a des inconnues magnifiques, pleines de magie et d'éspièglerie, que j'aime à regarder danser. J'ai eu le plaisir de rencontrer Ibrahim Akef, cousin de Naima Akef. Quelle rencontre inoubliable !!! Un grand bonhomme de la Danse Orientale que ce Monsieur. De nos jours je n' ai pas de référence particulière parmi les danseuses actuelles. J'aime beaucoup Randa Kamal.
Merci beaucoup Fanyda pour cette belle interview que tu m' as accordé !
Je te souhaite beaucoup de succès pour ta nouvelle création"BELLYDANCE" et je te souhaite de mettre en place ton festival ainsi que tous tes autres rêves !
KHOT
Par quoi commencer ? Peut-être son regard... Oui, je crois que c'est ce qui m'a le plus frappé en entrant dans la salle de la MJC...
Fanyda était là, j'ai croisé son regard, et j'y ai senti tellement de chaleur et de douceur que ça m'a émue.
Puis il y a eu son sourire.... sans hypocrisie, pur, sincère... waouh, quelle claque j'ai pris ! Je ne m'attendais pas du tout à ça....
Là, nous nous mettons en ligne et Fanyda nous propose un travail : l'expression scénique, pour nous apprendre à faire passer les émotions sur scène. Je reconnais que j'ai pris super peur : moi ? danser en souriant devant des gens ???? l'horreur !!! Mais nous sommes toutes partantes pour ce travail qui s'annonce fort interressant.
Nous attaquons par un long échauffement à travers lequel Fanyda va pouvoir juger du niveau technique de chacune. Nous passons en revue des tas de mouvements, c'était génial ! Après l'échauffement, elle a détaillé certains mouvements à notre demande, nous a donné des conseils. Elle est tellement attentive aux besoins de chacune que c'en est troublant. Elle aime ce qu'elle fait et ça se sent. J'ai commencé à vraiment me sentir à l'aise avec elle.
Puis nous avons attaqué le travail tant redouté ! Devant le miroir, Fanyda nous demande de mimer le sourire, le rire, la tristesse, l'impassibilité et la souffrance. Rien qu'avec les mimiques du visage. Qui aurai cru que ce serait si difficile ?!
Deuxième phase de l'exercice : nous formons deux groupes de 6 danseuses. Les premières vont devoir improviser sur une chanson et choisir l'émotion qu'elles veulent faire passer (4 passages avec au choix l'amour, le rire, le festif, la tristesse, la parodie, etc...). Nous en parlons ensuite pour voir si le message est bien passé, et pourquoi. Très dur... Certaines ont vraiment excellé dans cet art ! Et au final, sur la fin nous avions toutes progressées !
J'ai vraiment ADORE ce stage et eu un véritable coup de coeur pour Fanyda.
Merci à Sailyne de l'avoir fait venir sur Lyon !!!
C'est tout à fait par hasard que j'ai vu Fanyda pour la première fois sur scène il y a plusieurs années. J'avais tout simplement suivi des amies qui faisaient de la danse orientale dans un petit théâtre que je ne connaissais pas. Je ne savais pas trop à quoi je devais m'attendre. J'avais vu à la TV des reportages sur la danse orientale en cabaret, et sincèrement, si j'avais bien aimé, je n'avais pas été transportée. Trop de paillettes, avais-je pensé. Je ne sais plus très bien, six ou sept ans après, comment commençait le spectacle qui présentait plusieurs tableaux, mais la toute première apparition de Fanyda sur scène reste elle à tout jamais gravée dans ma mémoire. Elle portait un costume rouge, magnifique, de très bon goût, sa chevelure bouclée flamboyait. Elle dansa sur un solo de percussion avec vivacité, passion, énergie et sens musical très sûr. Le choc absolu!
Ce n'est pas sa technique, ou son charisme, immense, ou sa chorégraphie, ou quelque chose de précis qui me transportèrent le plus, mais l'impression qu'elle ne faisait qu'un avec la musique, et que le rythme résonnait dans son corps et mettait en mouvement les épaules, ou le buste, ou le bassin, ou tout autre partie de son corps d'une manière à la fois énergique, précise, fluide... car en tant que musicienne, c'est toujours cela qui m'émeut le plus chez un danseur : sa faculté à ne faire qu'un avec la musique.
En plus, la connivence qu'elle installa d'emblée avec le public par ses regards, des petits gestes à son intention, des petits riens qui font toute la différence, prouvaient que Fanyda n'était pas enfermée dans sa bulle. Son espièglerie apportait en plus à sa danse une legereté, une fraicheur que je n'avais jamais vues encore, et que depuis, j'ai très peu rencontrées chez les danseuses orientales.
Fanyda s'explique la dessus : " Lorsque je danse sur scène, je suis toujours en absolue improvisation. Bien sûr, je connais parfaitement mes musiques car j'ai besoin de pouvoir m'y plonger profondément, mais mes interprétations varient immanquablement d'un spectacle à un autre. J'ai besoin de ressentir le public, d'être en osmose avec lui. Mon corps doit être un instrument qui va éveiller l'oreille du spectateur. Je dois être en mesure de lui faire entendre un instrument auquel il n'aurait peut-être pas prêté attention. Je veux aussi faire monter en lui l'émotion cachée au fond de son coeur." Ainsi donc, voilà pourquoi pendant les solos de Fanyda, on a cette sensation d'entrer au coeur de la musique... Après ce spectacle, je suis retournée voir Fanyda danser plusieurs fois. Au théâtre Adhyar, et au Trianon, où j'ai même entrainé des amies qui ont plus l'habitude de l'opéra de Paris que de la danse orientale!
C'est après l'avoir vue dans ce théâtre que j'ai eu envie de parler d'elle sur les différents forums de danse classique, car ce qu'elle présentait me paraissait digne d'être mentionnée sur Critical dance et de la contacter. Et là, j'ai été étonnée par sa gentillesse, sa disponibilité, ses réponses toujours rapides et élégantes aux mails que je lui adressais.
J'ai compris que comme la plupart des artistes qui m'inspirent au sens premier du terme, Fanyda possédait la générosité sur scène parce qu'elle la possédait dans la vie. D'ailleurs, dans ses spectacles, elle invite toujours des artistes : j'ai ainsi pu découvrir une artiste absolument fabuleuse qui s'appelle Melisdjane, qui m'a elle aussi éblouie. Fanyda, pour ses spectacles, règle tout elle même : chorégraphie, mise en scène, choix des costumes, artistes invités ( au sens large du terme, puisque des dromadaires ont même été les guests de son spectacle à Trianon et au stade de France). Ce qui dénote une énergie prodigieuse et une passion absolue. Cette passion de la danse, elle la partage non seulement avec son public, mais avec tous ceux et celles qui voient la danse orientale comme un art et désirent apprendre : " Je partage ma passion et mes émotions avec le public, je transmets mon saoir à mes élèves au travers de mes cours. Je transmets mes connaissances également à des femmes qui font le voeu auprès de moi de vouloir enseigner ou danser de façon professionnelle. Je les bombarde de conseils. Je ne retiens aucune information. " Isia, qui est elle même danseuse et directrice de compagnie, ne démentirait pas ses propos! Quand à sa compagnie elle même, j'ai été étonné par la qualité du travail présenté : les danseuses étaient bien sûr parfaitement ensemble, mais aussi parfaitement à l'aise sur scène. Certaines irradiaient un plaisir immense, ce qui est toujours une joie pour le spectateur. Les numéros de percussions sont parmi les plus étonnants, car techniquement difficiles à maitriser et pourtant, il n'y parait rien... J'ai hâte de revoir Fanyda et sa compagnie sur scène et de continuer cet hommage à une artiste qui apporte beaucoup à la danse orientale en France, art encore si fragile, parfois aimé ou rejeté pour de mauvaises raisons et si peu reconnu... " Le rejet et l'engouement de la danse orientale viennent de clichés installés dans les esprits et les mentalités qu'il est très difficile sinon impossible de changer ou de modifier. On en revient toujours au même dans le sens ou un certain public pense que la danse orientale est vulgaire, érotique et ne possède aucun atout artistique. Alors, dans ce sens, elle attire ou rebute selon ce qu'on en attend. Et puis beaucoup de personnes sont loin d'imaginer que la danse orientale est un art qui demande des années de pratique, de connaissance et d'expérience"
Avant d'ouvrir son école à Grenoble, Fanyda a longtemps dansé à Paris. Elle est devenue danseuse " de fil en aiguille" en commençant la danse, puis en tombant amoureuse de la culture orientale au point que la danse devint une vraie passion. J'aime bien l'expression canadienne qui dit " tomber en amour". Je trouve qu'elle sied parfaitement à Fanyda et à son rapport à la danse orientale. " Je me suis interessée à tout ce qui concernait l'Orient : son histoire, ses traditions, sa musique, sa culture. La danse orientale a fini par prendre beaucoup de temps et à empiéter de façon considérable sur ma vie. Je mangeais danse orientale, je vivais danse orientale. La passion? oh bien plus que cela!..." Je me souviens chez le percussionniste Hassan Abdelmalek, il y avait une immense photo d'elle accrochée au mur. Son nom lui-même est original, et, je ne pense pas me tromper, mais sonne parfaitement oriental, sans être vraiment d'origine orientale : choix élégant d'une femme qui se reconnaît dans la culture orientale sans "usurper" une identité. Fanyda a dansé dans la compagnie de Mayodi avant de créer elle même sa compagnie a Paris. Elle se souvient d'ailleurs avec une profonde émotion de la réaction de ses danseuses lorsqu'elle leur a annoncé qu'elle quittait Paris. " Ce souvenir est a jamais gravé dans ma mémoire. Ce moment où j'ai vu des larmes couler sur leurs joues restent un moment fort, intense, et inoubliable. Le fait de voir une telle émotion les envahir à ce point, m'a bouleversée à tout jamais. J'ai pris conscience à ce moment précis de la charge émotionnelle de nos relations." Elle ajoute que des moments inoubliables, elle en a connu d'autres : " mon premier spectacle avec ma propre compagnie et mes propres chorégraphies, les tous premiers témoignages du public, les premiers pas de sa fille sur scène."
Danseuse de mère en fille ?
Tiens! Sa fille se destinerait elle à devenir elle aussi danseuse orientale? Qu'en pense sa maman? "Ma fille est venue seule à la danse orientale même s'il est certain qu'elle a été bercée par la musique orientale depuis sa tendre enfance. C'est elle qui a demandé à suivre les cours que je dispensais. Depuis deux ans, elle fait une heure de danse par semaine. Elle est très douée! Mais je souhaite que la danse reste sa passion: ce métier et ce milieu dans lequel j'évolue est très difficile et l'égo y est surdimensionné. Comme toute maman qui se respecte, je souhaite lui épargner tout cela, mais si c'est ce quelle veut vraiment faire alors j'espère pouvoir la conseiller du mieux possible et mettre mon expérience à sa disposition. Je ne l'y encouragerai pas, mais bien sûr, je ne la découragerai pas!"
Cela me rappelle presque mot pour mot les propos de Noella Pontois, danseuse étoile, à propos de sa fille Miteki Kudo. Le métier de danseuse est un métier terriblement dificile, de par ce qu'il exige sur le plan du corps, déjà, mais aussi, pour tous les sacrifices qu'il exige sur le plan personnel.Les danseuses le savent très bien, qu'elles soient issues du monde classique ou oriental!
Un film en projet ...
Fanyda se dit encore ouverte à beaucoup de styles, d'artistes chanteur, musicien ou danseuse. Elle aime particulièrement Naïma Akef, Oum Kalthoum... mais elle avoue aussi n'avoir jamais " été fan de quelqu'un en particulier". Si elle regarde des dvd, ses choix se porteront sur les comédies musicales ou les films sur la danse, y compris Dirty Dancing ou Grease. Ces comédies la fascinent "de part leur complexité et leurs richesses : danse, chant, travail théâtral : l'écoute de l'autre, le travail de groupe" Fanyda fourmille de projets, et on ne soupçonnerait pas l'existence de certains! Que le cinéma s'interesse à elle, et qu'il y ait un projet de film, voilà qui est formidable pour elle et la danse : " Je souhaite vivement que ce film montre une image positive de la danse orientale. Que ce film en montre toutes les facettes. j'espère qu'il reflètera davantage la beauté artistique de la danse, le travail acharné qu'il faut produire, plutôt que son image ravageuse même si elle existe. Je voudrais que la danse soit belle et vraie. Je suis très confiante en Abdel, le réalisateur. je sais qu'il a à coeur de montrer la danse orientale en tant qu'Art. Il adore et surtout respecte la danse orientale.
A quand une fédération, un diplôme ?
Comme beaucoup de femmes lucides sur la danse orientale au nombre duquel je compte aussi Leila Hassan qui a toute mon affection, Fanyda s'exprime sur le besoin d'un diplôme, d'une fédération, mais reconnait que ces projets se heurtent à des problèmes difficiles à résoudre : " A quand un diplôme, à quand une véritable reconnaissance? Je dis mille fois oui à la création d'une fédération, ce serait idéal mais reconnue par qui, sur quels critères? Il y a là un débat qui n'aura jamais fin. Les professionnels ne s'entendant déjà pas entre eux, je suis très pessimiste quant à l'avenir reconnu de la danse orientale. La danse orientale a le succès qu'elle connait aujourd'hui... tant mieux... " Je pense que Fanyda dansera longtemps, au vue de son énergie, de son punch, de sa passion, mais elle même s'explique : "J'espère être suffisamment lucide pour arrêter quand il le faudra. Le pire moment de la vie d'un artiste c'est de tomber, d'un coup, du haut de l'échelle. Je veux quitter la scène et l'enseignement avec dignité."
Le plus étonnant ...
Dans la longue interwiew que m'a adorablement accordée Fanyda, une chose m'a vraiment émue... Elle confie : " J'adore aussi les musiques écossaises et irlandaises car elles me font voyager dans ces belles contrées sauvages où je rêve d'habiter et où j'habiterai très certainement..." Je ne sais pas pourquoi, quand je lis ces lignes, je suis émue aux larmes... notre Orientale Fanyda a déjà la flamboyante chevelure des Irlandaises. je l'imagine sur les landes sauvages, cheveux au vent, comme une héroïne de légende, vivant librement, au son de la harpe, ou bien des violons et des tambours, des flutes qui résonnent dans les pub plein de vie, de musique...
Espérons alors qu'on pourra encore la voir danser, libre et heureuse, près d'un loch mystérieux, ou sur la lande, en compagnie des Elfes malicieux....
Surtout quand on a la chance de passer 3 heures à danser orientale avec une personne exceptionnelle ....
Je le dis, je l'affirme, je persiste et je signe .. Hors donc, cela se passer dimanche après-midi dans la jolie bourgade de Bourg-St-Maurice, nous étions conviés à nous rendre à un stage donné par la jolie Fanyda, danseuse professionnelle à Grenoble, professeur émérite et jeune femme souriante et très agréable. Stage débutantes, parceque même si ça fait 2 ans que nous dansons pour la plupart d'entre nous, le niveau n'est quand même pas tout à fait le même ... Nous commençons par nous retrouver dans une grande salle, association de bourg st maurice, association d'albertville, peut-être d'autre que je ne connais pas et ma petite soeur venue pour l'occasion. Bonjour, bisous, contente de te voir, tient t'est là toi???? puis tout le monde au travail. On revois les bases, les 8, intérieurs et extérieurs, accents de hanches et de poitrine, vibration, position correcte de la danseuse. Les muscles brulent, surtout ceux des bras et des épaules, on les avait presque oubliés ceux là.... même si on les sollicite régulièrement, on ne le fait jamais à ce point là!!!! Souffrir, c'est bon parfois .... Petite pause de 10 minutes. Les filles de Bourg en profitent pour nous faire une démonstration, puis c'est à nous. Sab et moi, on nous demande de refaire la choré de Jillina que nous avions préparées pour le 13 mai. Ok..... au final, je me rends compte que je dois vraiment la retravailler si je dois la présenter à la fête de la musique, du boulot en perspective, je ne pensais pas la perdre aussi vite .... La pause est finie... on reprend avec des enchainements, petits, mais pas si simples..... on marche comme ça, on danse comme ci, on rajoute les bras, la tête (alouette), les mains, un petit regard coquin au passage, on transpire, c'est génial... Fanyda, dans le miroir, danse et nous observe en même temps, souriant quand on rate un pas, faisant des petits signes pour montrer la suite, on transpire, on rit malgré les erreurs, on est contente quand on réussi un pas, le temps passe, passe trop vite.
Le stage se termine, 3 heures déjà, mais 3 heures de pur bonheur. Cerise sur le gâteau, Fanyda accepte de nous faire une démonstration, du bonheur à l'état pur, quand elle termine, j'en ai les larmes aux yeux tellement c'est beau, aérien. C'est une belle danseuse, une grande danseuse, qui joue autant avec son corps qu'avec son visage, un peu comédienne, elle lance des petites oeillades, sourit, danse les yeux fermés. On voit qu'elle prend plaisir à danser. Un concert d'applaudissement et de you-yous conclus sa prestation.
WANADOO FEMININ
L'art de la séduction : la danse orientale
La sortie des cours de danse orientale dépayse toujours un peu. Voiles multicolores, costumes pailletés, ceintures nouées à la taille tintinnabulant joyeusement… Les visages sont épanouis et la sensualité omniprésente. La danse orientale, un art de la séduction ? Pas seulement, nous explique Fanyda, danseuse orientale et professeur.
D'abord une fête …
Au premier cours, les vêtements couvrent le corps comme une armure, et embarrassent le corps, cerné par les miroirs… Pas moyen d'y échapper ! Et puis, la musique commence… Détente, prise de confiance, on se prend au jeu, on se sourit. Au cours suivant, la salle commence à se colorer. " Le costume est important car il glorifie le corps de la femme et apporte une part de rêve à celui qui le regarde", développe Fanyda. Encouragement réciproque et conversation amicale sont également de la partie : " C'est un moment privilégié où on se retrouve entre femmes ", confesse la danseuse. La musique rythme la bonne humeur. On a pris goût à la danse.
Le corps libéré ...
La danse orientale n'est pas un déhanchement approximatif, fantasme d'un cliché exotique. C'est un art qui se travaille. " C'est une danse où le corps parle, où les sentiments explosent. Elle est à la fois joie et peine. Elle nécessite de réels acquis techniques. Le corps peut être complètement dissocié et par conséquent totalement maîtrisé ", s'enflamme Fanyda. Apprendre à isoler chaque partie du corps, arriver à coordonner des tremblements d'épaules, des mouvements circulaires du bassin… : " C'est une danse qui est accessible aux femmes de tous âges. Beaucoup d'entre elles s'y épanouissent. Elles redécouvrent une féminité parfois oubliée. Elles acceptent leurs corps, oublient leurs complexes, partagent leurs émotions ", confie la danseuse. Le corps s'exprime et la féminité s'affirme…
La féminité révélée ...
Car pour séduire l'autre, il faut avant tout se sentir bien dans son corps. " La danse permet une fluidité dans ses mouvements, une aisance dans le déplacement et une plus grande confiance en soi ". La danse orientale implique implicitement la présence de l'autre dans chacun des mouvements : on ne danse pas pour soi mais pour celui qui vous observe. C'est une danse où le regard ondule comme le ventre. Et la femme s'y révèle dans tout ce qu'elle a de plus sensuel…
LA VOIX DU NORD
Hier au Casino, le festival d'accordéon avait choisi d'innover, présentant un spectacle oriental bien loin de l'univers d'Yvette Horner. La programmation cette année se veut plus ouverte. Une nouvelle orientation a été donnée au festival, pour montrer que l'accordéon, si associé à la musique française, est aussi présent dans d'autres cultures. Cette année, ce sont l'Égypte et le Japon qui sont à l'honneur. Hier, le grand orchestre Les Etoiles du Nil , les musiciens de Louxor et les danseuses de la Compagnie Shehrazad investissaient la scène. Sur un décor de temple pharaonique, les vingt-cinq artistes ont su dépayser le public. La grâce des danseuses, parées de costumes dorés dont les atours rappelaient des ailes d'oiseaux, a fasciné.
P. EUROPE MAGHREB
Fanyda et la Compagnie Shehrazad présentent "Fleurs de Henné", un spectacle de danse orientale les 28, 29 et 30 mai 2004 à Grenoble pour le spectacle de fin d'année des élèves du Centre Artistique Shehrazad (sous forme de mini festival) et les 4, 5 et 6 juin 2004 également à Grenoble (toujours dans le cadre du festival mais uniquement la Compagnie).
"Fleurs de Henné" est un spectacle où le public est convié à voyager dans un Orient aux limites de l'imaginaire. Il est constitué d'une série de tableaux créés par Fanyda au gré de ses émotions et de ses coups de coeurs.. En passant d'Hollywood au Paris des Gavroches, des duels à la Cour des Pharaons au Cabaret Oriental Moderne, autant d'ingrédients originaux pour un spectacle innovant en danse orientale.
Grâce et volupté qualifieront cet événement pas comme les autres où les techniques de tremblements de Fanyda atteignement des sommets rarement égalés.
Voile à la main, la ceinture brodée de piécettes posées sur les hanches, elles se déhanchent langoureusement sur de la musique égyptienne. Au 16 rue Prosper Mérimée à Grenoble, les filles répètent leur spectacle "Couleurs d'Egypte". Les lieux posent déjà le décor pareil au conte des "Mille et une Nuits".
Sous les conseils avisés de Fanyda, directrice de la Compagnie, huit danseuses connaissent leur pas de danse et leurs mouvements corporels jusqu'au bout des doigts. "La danse orientale n'est pas une vulgaire danse du ventre, chaque partie du corps est contrôlée. Ancestrale et majestueuse, elle est aujourd'hui souvent dénaturée et galvaudée car celle s'est longtemps pratiquée dans les cabarets", explique Fanyda.
Fanyda, 38 ans, danse depuis une quinzaine d'années. D'abord en tant qu'assistante, et depuis quatre ans, elle vole de ses propres ailes. La danse c'est sa vie. C'est elle qui crée tous ses spectacles, tous les costumes. "Je ne raconte pas forcément une histoire, je fonctionne au coup de coeur, sans cesse à la recherche de nouvelles musiques, celles qui me transportent".
Après Paris, elle transportera sans aucun doute le public grenoblois les 26 et 27 mars à 20h30 à l'Espace 600, 97 galerie de l'Arlequin.
PANAME
Dès l'entrée, le dépaysement est total. Couleurs, saveurs, odeurs ... Un souk a pris place dans l'entrée du théâtre. Les décorations habituelles ont cédé la place aux voiles et tentures qui ornent les stands. Nous voilà en Egypte. Après quelques amplettes et quelques gourmandises, le spectacle commence. La scène est comble. Il faut dire que pour mettre en scène "Couleurs d'Egypte", il faut les 10 musiciens de l'orchestre Hassan Abdel Khalek, 2 chanteurs et la douzaine de danseuses de la Compagnie Shehrazad ! Un spectacle aussi voluptueux qu'envoûtant."
Hier, la dame a aussi animé deux cours et master-class au Centre Culturel Juif. Avec les quarante inscrits, petits et grands, elle a démontré que "tout ce qui nous fait" don les plus infimes parties de notre corps, à le pouvoir de faire passer ses émotions. La danse égyptienne libère les sens, tout en maîtrise , en postures classiques et sur les pointes. Et Sharon comme Fanyda, artistes aux pieds nus, parlent d'art de vivre.
"La danse du Sinaï est l'alliance des deux cultures, juive et arabe". Sans frontière, au-delà des conflits, elle rassemble et donne à réfléchir expliquent les deux jeunes femmes. L'association organise également des stages.
MILLE ET UNE DANSES
Fanyda et la Compagnie Shehrazad. L'ex-assistante de Mayodi a bien appris ses leçons de danse orientale et connaît du beau monde (gala privé pour David Hallyday, prestation au mariage de la fille à Galabru, anniv d'Arthur ...). On l'a vue dans des films et des émissions en prime time. Fanyda alimente les fantasmes et provoque l'enthousiasme par sa chorégraphie plutôt imagée. On lui sait gré, pour son nouveau spectacle, Couleurs d'Egypte, d'avoir évité la bande-son en incorporant un véritable orchestre oriental. A l'entrée, un souk comme la-bas, dis, avec henné, pâtisseries, bijoux ..."
LE DAUPHINE LIBERE
REVUE YASMINA